January 26, 2021

Episode 12 : Prête-moi ta plume

Transcript:

Chers auditeurs, ce mois-ci j’ai envie de vous faire voyager au cœur de la poésie francophone et de ses dignes (dignified) et parfois surprenants représentants.

Léopold Sedar Senghor, à la tête du Sénégal jusqu’en 1980, membre de l’illustre Académie Française, a aussi collectionné les prix littéraires. Sa plume (his writing) est mondialement connue et  ce« Poème à mon frère blanc » est devenu un classique.

Quand je suis né, j'étais noir;

Quand j'ai grandi, j'étais noir;

 Quand je suis au soleil, je suis noir;

 Quand je suis malade, je suis noir;

 Quand je mourrai, je serai noir...

Tandis que toi homme blanc,

Quand tu es né, tu étais rose;

Quand tu as grandi, tu étais blanc;

Quand tu es au soleil, tu es rouge;

Quand tu as froid, tu es bleu;

Quand tu as peur, tu es vert;

Quand tu es malade, tu es jaune;

Quand tu mourras, tu seras gris...

Alors, de nous deux, Qui est l'homme de couleur??

Emile Verhaeren était belge flamand. Il est né en 1855 dans une famille où l’on parlait le français. Il se destinait à une carrière juridique puis décida finalement d’être écrivain. Il a su retranscrire (transcribing) magnifiquement l’atmosphère des villes et des campagnes. Le poème « un matin » donne envie d’ouvrir la porte, d’humer (smell) l’air et de prendre la route.

                   Dès le matin, par mes grand'routes coutumières ,

                   Qui traversent champs et vergers (orchards)

          Je suis parti clair et léger,

                   Le corps enveloppé de vent et de lumière.

 

                   Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;

                   C'est fête et joie en ma poitrine :

                   Que m'importent droits et doctrines,

                   Le caillou (rock) sonne et luit, sous mes talons poudreux (dusty heels).

 

                   Je marche avec l'orgueil (pride) d'aimer l'air et la terre 

                   Et d’être immense et d'être fou 

          Et de mêler le monde et tout 

                   A cet enivrement de vie élémentaire.

 

                   Oh ! les pas voyageurs et clairs des anciens dieux !

          Je m'enfouis(burrow) dans l'herbe sombre 

                   Où les chênes (oak trees) versent leurs ombres (shades)

                   Et je baise les fleurs sur leurs bouches de feu.

 

                   Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent ; 

                   Je me repose et je repars 

                   Avec mon guide : le hasard (coincidence), 

                   Par des sentiers sous bois (undergrowth paths) dont je mâche (I chew) les feuilles.

 

                   Il me semble jusqu'à ce jour n'avoir vécu

                   Que pour mourir et non pour vivre :

                   Oh ! quels tombeaux (graves) creusent les livres

                   Et que de fronts armés y descendent vaincus !

 

                   Dites, est-il vrai qu'hier il existât des choses,

                   Et que des yeux quotidiens

                   Aient regardé, avant les miens,

                   Les vignes s’empourprer (flushing) et s'exalter les roses ?

 

                   Pour la première fois, je vois les vents vermeils 

                   Briller dans la mer des branchages, 

                   Mon âme humaine n'a point d'âge ; 

                   Tout est jeune, tout est nouveau, sous le soleil.

 

                   J'aime mes bras, mes mains, mes épaules, mon torse 

          Et mes cheveux amples et blonds 

                   Et je voudrais, par mes poumons (lungs), 

                   Boire l'espace entier pour en gonfler ma force.

                   Oh ! ces marches à travers bois, plaines, fossés (ditches),

                   Où l'être chante et pleure et crie

                   Et se dépense (take exercise) avec furie

                   Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé !  

Boris Vian est né en 1920.  Ecrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz et directeur artistique. Oui, tout cela pour un seul homme !  Bien qu’il n’ait vécu que 39 ans, cet animal-là a marqué les esprits par son génie et inspirer un grand nombre de jeunes artistes. « Pourquoi que je vis » est un de mes poèmes préférés. 

Pourquoi que je vis

Pourquoi que je vis

Pour la jambe jaune

D’une femme blonde

Appuyée au mur

Sous le plein soleil

Pour la voile ronde

D’un pointu du port

Pour l’ombre des stores

Le café glacé

Qu’on boit dans un tube

Pour toucher le sable

Voir le fond de l’eau

Qui devient si bleu

Qui descend si bas

Avec les poissons

Les calmes poissons

Ils paissent(graze) le fond

Volent au-dessus

Des algues cheveux

Comme zoizeaux lents

Comme zoizeaux bleus

Pourquoi que je vis

Parce que c’est joli

Gaston Miron est québécois. Ce fils de menuisier-charpentier (carpenter) est né en 1928 dans les Laurentides. Il a marqué le 20ème siècle par son enthousiasme, son charisme avec lesquels il a su défendre la cause de sa langue et de sa culture. Miron  le rapailleur, « le rassembleur » en québécois, a signé ce poème mis en musique et chanté par beaucoup d’artistes canadiens : « Mon bel amour navigateur ».

Mon bel amour navigateur

mains ouvertes sur les songes (dreams)

tu sais la carte de mon coeur

les jeux qui te prolongent

et la lumière chantée de ton âme

qui ne devine ensemble

tout le silence les yeux poreux (porous)

ce qu'il nous faut traverser le pied secret

ce qu'il nous faut écouter

l'oreille comme un coquillage

dans quel pays du son bleu

amour émoi dans l'octave du don

sur la jetée (jetty) de la nuit

je saurai ma présence

d'un vœu à l'azur ton mystère

déchiré (torn) d'un espace rouge-gorge (robin)

Arthur Cravan, poète suisse a vu le jour en 1887 puis disparait mystérieusement au large du golfe du Mexique 31 ans après. Encore un drôle d’oiseau ! Boxeur, aventurier, flambeur(gambler). Une vie éphémère mais à 200 à l’heure. Un provocateur génial qui a brûlé sa vie et cultivé un parfum de scandale. Voici « Fadaises » un poème surréaliste, déroutant (puzzling) et sensuel.

Tes cheveux sont un fleuve (river) et j'en suis riverain (riparian).

Quand des peignes (combs) captifs, submergeant l'estacade (floating boom),

Coulant l'éplorement (tearfulness) d'une molle cascade,

Ils paraissent polir le roc dur de tes reins.

Frêle (frail) sachet de musc, d'ambre et de romarin

Ils versent sur ton front la fraîcheur d'une arcade,

Plus sinistrement noirs qu'une nuit d'embuscade (ambush),

Et je pars sur leurs flots, miraculeux marin.

Partir dans tes cheveux, aborder sur tes lèvres,

Flotter évanoui le long de tes yeux mièvres (soppy),

Dans un bateau de songe et sans se savoir où.

Mourir des violons aux doigts des virtuoses,

Et sur la mer des seins jusqu'au golfe du cou

Faire tout en voguant d'exquis naufrages (shipwreck) roses !

Catherine - Prêt à Parler Team

Catherine

Après une enfance et une adolescence en Afrique, Catherine a étudié le théâtre et la littérature en France. Elle « est montée » à Paris et a été comédienne pendant 15 ans.

Aujourd’hui elle est professeur. Elle vit entre Paris et l’Andalousie.

Elle aime toujours jouer avec les mots et avec sa voix pour faire partager son amour du Français.

" Parler une langue c’est exprimer des goûts, des émotions, des opinions…et c’est aussi physique ! On doit s’entrainer comme un sportif ou comme un acteur 🙂 "

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